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Le Liban va poursuivre l'Etat hébreu pour la marée noire causée par des bombardements israéliens à la mi-juillet, et qui continue de polluer une grande partie de la côte libanaise, a indiqué lundi à l'AFP le ministre de l'Environnement, Yaacoub Sarraf. Le Liban va demander des compensations en vertu de l'article 8 du statut de la Cour pénale internationale (CPI), a-t-il précisé. Cet article stipule qu'"une attaque intentionnelle avec la certitude que cette attaque va créer des dommages étendues à long terme à l'environnement naturel peut constituer un crime de guerre".
Des frappes israéliennes avaient touché à la mi-juillet des réservoirs de la centrale électrique de Jiyeh, au sud de Beyrouth, provoquant le rejet dans la mer de milliers de tonnes de mazout."Les bombardements ont causé des dégâts à long terme en raison des nappes pétrolières qui se sont déposées dans les bas-fonds, ou qui naviguent entre deux eaux", a poursuivi le ministre. "Il y a quatre à cinq sites de nappes sous-marines qui, si elles ne sont pas traitées, risquent de ressurgir et de recontaminer les côtes des années plus tard", a-t-il affirmé. "La marée noire a affecté l'écosystème de la Méditerrannée, les eaux libanaises étant un passage pour les bancs de poissons migrateurs notamment de thons", a-t-il ajouté.
M. Sarraf a précisé que la conférence internationale d'aide au Liban le 31 août à Stockholm, avait décidé de financer un relevé des incidences des bombardements israéliens de Jiyeh, "sur la base duquel des compensations seront demandées à l'Etat d'Israël et à des responsables israéliens".Il a estimé le coût de la seule campagne de nettoyage à quelque 100 millions de dollars. Pour le moment, seules 400 des 15.000 tonnes qui se sont déversées ont pu être récupérées, selon le ministère libanais de l'Environnement M. Sarraf a ajouté que les dégâts avaient été amplifiés par le retard pris dans les interventions à cause des opérations de guerre, puis de la poursuite du blocus maritime israélien qui n'a été levé que trois semaines après l'arrêt des hostilités, entré en vigueur le 14 août.
Celà a entrainé une pollution atmosphérique et la dispersion de la nappe qui a traversé une étendue de 150 kilomètres, atteignant les côtes syriennes, a-t-il précisé. Au total, une trentaine de sites, sablonneux, caillouteux, et rocheux sont atteints. Les dégâts les plus graves concernent les plages de sable et les nombreuses criques entre Beyrouth et l'antique ville de Byblos, située à 45 kilomètres au nord de la capitale, selon les experts. "La priorité après le travail de première urgence est d'isoler le mazout dans les criques et de le pomper afin de l'empêcher de ressortir et de polluer à nouveau", indique-t-il.
M. Sarraf a indiqué que les équipes de nettoyage avaient réussi à dépolluer les fonds marins dans le secteur de la centrale de Jiyeh, qui pourra être opérationnelle dans une semaine. Vingt experts étrangers assistent le ministère de l'Environnement, dont des experts du programme des Nations unies pour l'environnement.La marine nationale française et le ministère de l'Equipement français ont fourni une équipe d'encadrement de huit personnes, dont des officiers, ainsi que du matériel, notamment des "écrémeuses", des pompes et des barrages flottants.
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, avait visité dimanche un des ports de pêche de Beyrouth, frappé par une marée noire provoquée par des bombardements israéliens en juillet, qu'il a qualifiée de "massacre écologique". "J'ai tenu à venir constater les effets d'un des massacres commis contre les Libanais, cette fois un massacre écologique", a-t-il déclaré à l'AFP, alors qu'il constatait les dégâts dans une crique rocheuse sur le littoral de Beyrouth. "C'est un geste de solidarité, surtout que la France, par le biais de la marine nationale et du ministère de l'Equipement, travaille en coordination avec les autorités libanaises pour panser une des plaies du Liban et non des moindres", a-t-il déclaré.
Au cours de sa visite de deux jours, le maire de Paris aura des entretiens avec le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, et concluera un accord de coopération avec la mairie de Beyrouth.