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Malgré la résistance de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l’Union européenne (UE), le président de la Pologne, Lech Kacynski, a décidé le 17 mai d’interdire toute culture OGM. Selon Greenpeace, l’organisme environnemental ayant le plus mobilisé le public sur cette question, il s’agit d’un «coup dur envers les géants agrochimiques américains, puisque la Pologne est le deuxième plus grand producteur agricole de l’UE».
Les deux chambres du parlement polonais, majoritairement conservatrices et opposées aux OGM, avaient déjà signé la législation, le décret émis par le président la met en vigueur.
En plus d’interdire les cultures OGM, la nouvelle loi prévoit que «les variétés génétiquement modifiées ne seront plus enregistrées dans le catalogue national des plantes».
Selon Éric Darier, responsable de la campagne OGM de Greenpeace Canada, «ceci démontre qu’il n’y a pas vraiment d’avenir international pour les OGM». Il estime que des pays comme le Canada, les États-Unis et l’Argentine, qui sont parmi les plus gros exportateurs de semences OGM, seront de plus en plus isolés par les États qui interdisent ces cultures.
D’après Éric Gall, conseilleur de Greenpeace sur les politiques de l’UE, l’OMC est non qualifiée sur des questions d’OGM, car elle «met les intérêts économiques avant tout le reste».
Avec l’appui du Canada et de l’Argentine, les États-Unis tentent depuis plusieurs années de faire plier l’UE sur l’importation de cultures OGM. Le 10 mai, l’OMC avait jugé que l’UE avait contrevenu à ses propres règles en résistant à ces pressions. Le jugement condamnait aussi l’Autriche, la Belgique, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Luxembourg pour leur interdiction des semences OGM. Aujourd’hui, il y a douze interdictions d’OGM dans sept pays de l’Europe, une progression par rapport à 2003, quand les États-Unis ont poursuivi l’UE devant l’OMC.
Le dernier rapport de l’OMC est cependant nuancé, estime M. Darier, car il reconnaît la souveraineté des États sur leurs industries agricoles.