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La déforestation de l'Amazonie brésilienne a été sous-estimée de 50%
selon de nouvelles données satellitaires ayant pris en compte les coupes
sélectives illégales d'arbres comme les acajous, selon une étude
publiée jeudi aux Etats-Unis.
Ces observations conduites de 1999 à 2002 avec des satellites dotés de
systèmes optiques de haute résolution ont montré que ces coupes ont
réduit les surfaces boisées de l'Amazonie au Brésil de 12.135 à 20.651 km2 par an, explique Greg Asner, de l'institut privé américain Carnegie
Institution, qui a dirigé cette recherche.
Durant plusieurs décennies, des coupes sélectives d'au moins 35
variétés d'arbres ayant une valeur marchande élevée, ont été pratiquées sans que l'on ait pu en mesurer l'ampleur alors que les satellites ne
pouvaient percer l'épais couvert forestier de l'Amazonie.
Les nouvelles technologies optiques permettent depuis ces dernières
années de pénétrer les feuillages et d'obtenir des images très détaillées,
souligne Greg Asner dans un article paru dans la revue Science datée du
21 octobre.
"Nous avons de ce fait été totalement surpris de découvrir que
l'abattage sélectif sauvage entraîne la perte annuelle de surface forestière
équivalente à la superficie de l'Etat du Connecticut", dans le nord-est
des Etats-Unis, soit l'équivalent d'un peu moins de 5% du territoire
français, déplore ce scientifique.
"Ces coupes ont un impact négatif sur l'équilibre écologique fragile de
la forêt amazonienne en provoquant la destruction de nombre d'arbres,
de plantes et d'animaux", ajoute-t-il.
Près du tiers de toutes les espèces animales terrestres, des insectes
aux jaguars, vivent dans la forêt amazonienne déjà mise à mal depuis la
fin des années 1970 par les feux volontaires destinés à libérer des
terrains pour l'élevage ou la culture.
Au total, ce sont 17% (632.000 km2) de la forêt amazonienne du Brésil
qui ont été rasés. Quelque 70% de la forêt amazonienne, plus grande
forêt au monde, se trouvent sur le territoire brésilien.
Les abattages sélectifs accroissent aussi l'érosion du sol et créent
des conditions plus favorables à des incendies, ajoute M. Asner.
De plus, la décomposition des déchets de bois et d'autres végétaux due
aux abattages produit 25% plus d'oxyde de carbone (CO2) dans
l'atmosphère, contribuant davantage au réchauffement climatique.
On estime que 400 millions de tonnes de CO2 sont produites annuellement du fait de la déforestation traditionnelle de l'Amazonie. Les coupes sélectives augmentent de 100 millions de tonnes les émissions de CO2, ce qui selon M. Asner pourrait avoir un impact sur le climat de la
planète.